Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
LA MAISON DE BARBERINE

Les Vallorcins et leur église, 750 ans d’histoire de la vallée (2)

27 Octobre 2022 , Rédigé par Maison de Barberine Publié dans #Exposition

Moines bénédictins au moyen-âge (BNF)

C’est donc le deuxième article de la série : « Les Vallorcins et leur église, 750 ans d’histoire de la vallée ».


 Un certain nombre de visiteurs ont souhaité pouvoir avoir accès aux informations qui étaient présentées lors de l’exposition de l’été 2022. Nous avons donc décidé de publier une série d’articles sur le blog de notre association qui reprennent les textes et illustrations présentés lors de l’exposition. C’est aussi l’occasion d’y ajouter des compléments car, sur la plupart des sujets, nous avons dû omettre certains détails, certains faits, par manque de place sur les panneaux.


Voici donc le deuxième article de la série.

XIIIème siècle, le Prieuré de Chamonix et les Theutonicis :

Richard de Villette - prior prioratûs nostri de Campo Muniti - de 1255 à 1296 (1):
Un prieuré, dépendant de l’abbaye de Saint Michel de la Cluse (Piémont), a été créé à Chamonix (Campo Muniti, désigne le village devenu l’actuel Chamonix) .  

C'est en 1204 qu'on trouve la première mention du monastère est liée à la désignation d'un abbé conjoint avec le prieuré de Megève.
Il semble toutefois que le monastère était peu important et ne comportait que quatre moines, une dizaine tout au plus.

 Le Régeste genevois indique comme Prieur:

Gaufred (1224), Humbert de Beaufort 1255, est également mentionné comme prieur de 1255 à 1296, Richard de Villette (1264 à 1296)

C’est en 1224, soit longtemps après l'acte de donation à Saint-Michel de la Cluse ( 1091), qu'Humbert, premier prieur de Chamonix figure dans un règlement de différends survenus à propos du fief, de la famille Boutellier (Botellers). Richard de Villette lui succède.

Comme écrit dans le premier article, avec Richard de Villette, l’autorité des prieurs de Chamonix se développe.

Celui-ci déploie une grande activité pour asseoir son autorité, et c'est de lui que date réellement l'organisation du prieuré de Chamonix et la prise de possession de toute la vallée.
C’est dans ce cadre qu’il va s’occuper de l’extrémité de son fief, « Valle Ursine ».

De 1264 à 1288 nous trouvons plusieurs actes par lesquelles Richard de Villette intervient dans la vie de la vallée de Vallorcine. ( voir annexe 2)

En avril 1296, Richard de Villette assiste au chapitre général du monastère Saint Michel de la Cluse, près de Saint-Ambroise en Piémont, assemblé pour l'élection d'un abbé dans lequel il est promu à cette dignité.
La famille De Villette conservera le prieuré et le frère de Richard de Villette, Guillaume (Vuillelme), prendra la suite de son frère comme prieur de Chamonix et continuera l’œuvre de Richard.


Richard de Villette et les « Teutonici de Valle Ursina »
 Le 14 mai 1264 Richard de Villette signe la charte d’albergement avec les « Teutonici de Valle Ursina ». ( texte complet annexe 1)

En 1264, le 2 des ides de mai (14 du même mois), Richard, prieur de Chamonix, alberge pour lui et ses successeurs, aux « Teutonici de Valle ursina » et à leurs descendants, la moitié de dite vallée, limitée par le cours de la « Berberina », le col de « Salansuns» (Salenton), l'Eau-Noire, de sa source à la limite qui sépare le territoire de Martigny de celui de l'église de Chamonix. Ces albergataires deviennent hommes-liges du prieur de Chamonix, auquel ils paieront chaque année huit deniers et quatre livres de cens à la Saint-Michel et à la Toussaint.

Le terme de Teutonici revient trois fois dans l'acte en question, sans que pour autant il soit précisé davantage. Le même jour, l'acte d'albergement est notifié aux hommes des Jeurs afin qu'ils en prennent connaissance et à titre de renseignement pour les confins vers le Valais. (4)

Cette charte d'albergement est confirmée dès le 5 juin 1264 par l’abbé de l’abbaye de Saint Michel de la Cluse.

Richard de Villette signe trois autres actes en lien avec Vallorcine :

  • Le 8 mai 1272, Richard de Villette nomme Thomas de Begna curé de Vallorcine.
  • Le 19 avril 1285, il concède à Pierre, un des Teutonici à qui il avait cédé la moitié du territoire de Vallorcine, la faculté d'y établir des moulins et des battoirs autant qu'il en voudra, sous le servis annuel de huit deniers ; le prieur se réserve pour lui et ses successeurs d'y établir une scierie et d'autres artifices, excepté des moulins et des battoirs.
  • Le 8 Juin 1288 - Déclaration faite par Richard de Villette, prieur de Chamonix, du consentement des moines et du curé du lieu, d'avoir, pour le plus grand avantage des habitants de Vallorcine, fait reconstruire à neuf leur église, sous le vocable de Notre-Dame. Il se réserve, pour lui et ses successeurs, l'institution des curés, et divers droits ecclésiastiques.

Les Teutonici, des Walser et leur migration:

Mais qui sont les « Teutonicis de Valle Ursinâ » mentionnés dans l’acte de 1264 ?

Des populations d’origine germanique, établis à l'origine en Val de Conches, les Walser, peuple de paysans montagnards, se livrèrent à partir du haut Moyen Age à une migration qui s'étendit sur la majeure partie des Alpes centrales. Ce mouvement, unique dans l'histoire de la chaîne alpine, trouve ses racines autant dans la surpopulation du berceau originel que dans l'appel des seigneurs. Le paysage walser se singularise depuis plus de sept siècles par son habitat dispersé en rapport avec l'économie pastorale et les contraintes du milieu naturel.  (2)

Au début du treizième siècle, des Walser quittent le Val de Conches pour établir d'autres colonies. On finit par retrouver ces populations à Samoëns (hameau des Allamans) et à Vallorcine.

Tableau d’ensemble des migrations Walser dans l’Arc Alpin (2)

Migration des Walser:
Depuis leurs origines les plus anciennes, les Walser se sont singularisés par des familles très nombreuses.

Au Moyen Age, il est courant qu'une famille walser compte une vingtaine d'enfants vivants. Le résultat est que l'accroissement démographique chez ce groupe humain est particulièrement rapide, et que, très tôt, s'est posé à lui le problème de la surpopulation.
Cette cause structurelle, inhérente au comportement démographique des Walser, est aggravée par la réalité géographique et économique : les Walser ont été, depuis qu'ils existent, principalement des éleveurs.
Or, la superficie productive des hautes vallées qu'ils habitent, ainsi que le rendement que peut procurer la terre dans un pareil milieu, n'assurent que des résultats précaires et ne sauraient contribuer à faire vivre une population très dense. Dans ces solitudes élevées et sous la protection de seigneurs locaux, comme le prieur de Chamonix,  les Walser ont pu ainsi s'installer et recréer un paysage qui fut toujours le leur. (3)

Les Vallorcins du début semble conserver la fécondité Walser: bientôt ils prolifèrent à leur tour et commencent à émigrer. Cette émigration se produit d'abord dans la région voisine des Jeurs (VS), depuis longtemps habitée. (4)
Profitant du droit d'écart que leur réservait la charte de 1264, trois familles connues par des documents vinrent s'établir aux Jeurs ( VS):

  • Les Berguerantz, devenus par la suite Berguerand, famille aujourd'hui disparue des Jeurs, mais qui a continué sa pénétration en Valais et s'est installée en diverses localités de la plaine;
  • Les Allaman, qui au cours du XVIe siècle francisèrent leur nom et prirent celui de Cretton, probablement du lieu-dit Grieba, attenant à leurs propriétés. (L'allemand Griebe signifie creton, terme français équivalant au mot patois greubons.)
  • Les Verimantz ou Virimandze. Un Michel Virimandze, par acte du 6 juillet 1390, vend à plusieurs particuliers l'alpage de Catogne qu'il avait acquis de l'évêque Guichard Tavelli, selon acte du 11 août 1373.
  • Quant à la famille Vouilloz, elle émigra aussi de Vallorcine sur les Jeurs, Châtelard, Giétroz, Finhaut, avant de descendre en plaine.

De Vallorcine, émigrent plus tard, en Valais, les familles : Abbet, Ançay, Claret, Mermoud, Semblanet, etc.

Implantations Walser

Pour conclure:

1291, le 20 septembre, suite à des litiges, Amédée, Comte de Genève, à la requête du prieur Richard, reconnait que les vallées de Chamonix et « Vallorsine », au diocèse de Genève, appartiennent de temps immémorial au Prieuré et que tous les habitants avec tout ce qu'ils possèdent sont hommes-liges du prieur qui a sur eux toute seigneurie et juridiction.

Les Vallorcins, gardent encore intacts leur liberté personnelle ainsi que le droit de quitter le pays en emportant leurs biens mobiliers, mais sous l'obligation de vendre leurs propriétés à des hommes du prieuré.
Ils sont exempts des droits de gîte et de corvée et d’autres redevances auxquels sont soumis les habitants de Chamonix.

Un peu plus tard, en 1312, à Chamonix, par-devant deux notaires impériaux, le teutonicus Rolet de Barberine, chef de la milice locale de Vallorcine, s'engage par serment et sous peine de traîtrise à aider de sa troupe et par tous les moyens en son pouvoir Guillaume de Villette, prieur de Chamonix depuis 1296, contre l'évêque de Sion et ses gens.

L’histoire continue …

______________

Sources

(1)    Histoire_de_la_vallée_et_[...]Perrin_André_bpt6k6575792j -  Source gallica.bnf.fr / Les amis du Vieux Chamonix
(2)    Les Walser. Migration d'un peuple, façonnement et pérennité d'un paysage (The Walser  minority) Henri Rougier
(3)    PROBLÈMES DE COLONISATION ALPESTRE - Les „Walser" ont-ils colonisé la haute vallée du Trient ? - Maurice GROSS
(4)    Les archives de la Bourgeoisie des Jeurs, déposées aux Archives cantonales, fournissent une foule de détails sur ces familles et d'autres de la région, à partir du XIIIe siècle. Cf. Armorial Valaisan, 1946, pp. 1 (Abbet), 62 (Claret), 71 (Cretton, Allaman, Bergueran), 108 (Germanier, colonisation teutonique à Conthey), 263 (Trient-Jeurs), 287 (Vouilloz).
(5)    Regeste_genevois_ou_Répertoire_chronologique_[...]_bpt6k6587541f - Source gallica.bnf.fr / Les amis du Vieux Chamonix

______________

Liste des Annexes :

  1. Reconnaissance de la charte d’albergement par l’abbé de St Michel de la Cluse
  2. Le prieuré de Chamonix : documents relatifs au prieuré et à la vallée de Chamonix.
  3. Extrait des commentaires de J-P Gougler : Histoire de la colonisation de Vallorcine -  confrontation de toutes les théories sur la colonisation.
  4. Populations germaniques en Haute Savoie selon Maurice GROSS
ANNEXE 1

Reconnaissance de la charte d’albergement par l’abbé de St Michel de la Cluse
Source : http://www.lesjeurs.ch/Archives/Fond%20des%20Jeurs/1264.06.00.htm

L'Abbaye Saint-Michel-de-la-Cluse en novembre.

Nous, frère doyen, par la grâce divine humble abbé de Saint-Michel-de-la-Cluse du diocèse de Turin, et tout le convent du même lieu, par la teneur des présentes lettres sur lesquelles nous avons imprimé nos sceaux, nous faisons savoir à tous que, comme frère Richard, prieur de notre prieuré de Chamonix (Campo muniti), a albergé à perpétuité aux Allemands (Teutonici) de Vallorcine (Valle Ursinâ) et à leurs héritiers, la moitié de la susdite Vallorcine, jouxtée d’une part par la rivière appelée Barberine (Barberina), d’une autre par la colline appelée Salanson (Salassuns), d’une autre par le lieu où la rivière appelée Eau-Noire (aqua vocatur Nigra) prend sa source jusqu’à la limite qui sépare le territoire de Martigny (territorium de Martigniaco) et celui de l’église de Chamonix, en sorte que les dits hommes qui sont appelés Allemands et leurs héritiers demeurant dans le même lieu, soient les hommes liges du susdit prieuré de Chamonix, et sont tenus de payer chaque année, à la fête du bienheureux saint Michel archange, huit deniers pour le service, et tous les ans à la fête de tous les saints quatre livres de cens au prieur de Chamonix, qui devront être données à temps et intégralement payées ; et si l’un des dits Allemands veut se transporter dans un autre lieu, il peut emporter librement et absolument avec soi tous ses biens meubles, et vendre ses possessions, sauf le droit du seigneur de Chamonix, toutefois, aux hommes liges de la dite maison et non aux autres. Mais ils restent quittes et dispensés des meynades et des secteurs et des corvées ; et pour les autres usages, droits et coutumes de l’église ou du prieuré de Chamonix, ils doivent obéir au prieur du dit lieu, et sont tenus de répondre en tout, étant réservés le domaine et la seigneurie du dit prieuré, comme on s’en sert et on en jouit chez les autres hommes de Chamonix. Reconnaissant concéder cet albergement pour le profit du dit prieuré, nous le reconnaissons et le ratifions et le confirmons par la teneur et l’autorité des présentes. Donné en l’an du Seigneur mille deux cent soixante-quatre, aux nones de juin, à Saint-Ambroise.
À cela tant fait et reçu qu’accompli selon les règles et solennellement, nous apposons également notre autorité et décret, et concédant ces lettres qui sont les nôtres en témoignage des promesses données en notre bonne ville, au quatrième jour du mois de juillet, en l’an du Seigneur mille quatre cent soixante-dix, sous le sceau de notre dite judicature et sous le seing manuel de notre soussigné notaire en témoignage des promesses faites par le seigneur juge susdit.

Copie collationnée au XVIIIe siècle par un Jean Frédéric Haller, notaire, du renouvellement fait le 4 juillet 1470 des lettres patentes du 5 juin 1264 confirmant l´albergement de Vallorcine par le prieuré de Chamonix en faveur d´ « Allemands ».
ANNEXE 2

Le prieuré de Chamonix : documents relatifs au prieuré et à la vallée de Chamonix. Volume 1 /
ACADÉMIE DES SCIENCES BELLES-LETTRES ET ARTS DE SAVOIE VOL. III
Recueillis par M. J.-A. BONNEFOY, Notaire à Sallanches, Chevalier de la Couronne d'Italie,
Membre de plusieurs Sociétés savantes. / f - Publiés et annotés par M. A. PERRIN,  / 1879
(document disponible en ligne sur la BNF / Gallica)

Ces documents permettent de comprendre pourquoi on considère que Richard de Villette est l’organisateur initial du Prieuré de Chamonix

AVANT RICHARD DE VILLETTE ( avant 1255)
13 Mars 1205.
Lettres de garde et de protection, accordées à la vallée de Chamonix par Wuillelme, frère d'Humbert, comte de Genevois, contre toutes agressions et spécialement contre celles d'Amédée de Nangy, p. 5.

20 Novembre 1226.
Humbert, prieur de Chamonix, règle le différend existant entre Aymon, seigneur de Faucigny, et l'abbé de Saint-Michel de la Cluse, sur les hommes et les biens du prieuré de Mégève, p. 9.

20 Avril 1229.
Cession par Aymon, sire de Faucigny, à W., comte de Genevois, des droits qu'il pouvait avoir sur Chamonix, à l'occasion notamment de la garde du lieu, qui avait été accordée à feu son frère W.,
p. 13.

12 Janvier 1236.
Aymon, seigneur de Faucigny, prend sous sa garde et protection la communauté de Chamonix, les hommes qui en dépendent et tous leurs biens, p. 14.

15 Novembre 1236.
Donation par Aymon, sire de Faucigny, à l'église de Chamonix, d'un muid de froment, à percevoir sur les hommes de Servoz, en sus du demi-muid qu'il lui devait déjà , en réparation de l'injure qu'il lui
avait faite, p. 15.


PERIODE RICHARD DE VILLETTE PRIEUR DE 1255 à 1296
17 Juin 1255.
Soumission passée par Humbert de Beaufort, ancien prieur de Chamonix, de remettre entre les mains de Richard de Villette, nouveau prieur, ou en celles d'Humbert de Villette, frère de ce dernier, le prieuré et les revenus qu'il en avait indûment exigés dès sa démission, p. 16.

14 Mai 1264.    VALLORCINE
Richard, prieur de Chamonix, cède à perpétuité aux Teutonici de Vallorcine la moitié de cette vallée en albergement, à condition qu'ils paieront huit deniers et quatre livres de censé annuelle, à la Saint-
Michel et à la Toussaint de chaque année, p. 19.

5 Juin 1264.    VALLORCINE
Ratification de l'albergement précédent, par l'abbé de Saint-Michel de la Cluse, p. 20.

14 Juin 1264.
Délimitation de la montagne de Voza entre les communautés de Chamonix et de Bionnassey, confiée à Jacques Mareschal, châtelain de Sallanches, par Pierre Dusolier, auditeur des causes de la cour du
comte de Savoie dans le territoire du Faucigny, et par Guichard de Varey, chevalier, bailli en Faucigny, p. 22.

8 Mai 1272.     VALLORCINE
Richard, prieur de Chamonix , nomme Thomas de Begna, curé de Vallorsine, sous les réserves et conditions exprimées dans l'acte, p. 25.

Août 1273.
Lettre de garde et de protection accordée par Béatrix de Faucigny au prieuré de Chamonix, moyennant une redevance annuelle de deux oboles d'or, soit dix sous viennois, p. 28.

4 Mars 1279.
Reconnaissance passée en faveur du prieuré de Chamonix, à réquisition de Richard de Villette, prieur du lieu, par Rodolphe et Amédée Métral, oncle et neveu, de Passy, de tenir en fief dudit prieuré tout ce qu'ils possèdent en hommes, terres, dîmes et autres dans le territoire de Vaudagne, sans préjudiciel- à la fidélité qu'ils doivent au seigneur de Charrosse, p. 29.

9 Avril 1283.
Aumône d'un homme nommé Nicolas de la Besery, et de tous ses descendants, faite au prieuré de  Chamonix, à l'acceptation de Richard de Villette, prieur du lieu, par Jacques Bothelyers, de Servoz,
paroisse du Lac, p. 34.

28 Avril 1283.
Vente passée par les frère et sœur Mathieu et Marie, enfants de Reymond, du lieu de Chede et la seconde femme de Pierre fils de Reymond, du lieu de Boen, en faveur de révérend Richard de Villette, prieur de Chamonix, de tous leurs droits sur les montagnes de Challiou et de la Rosière, situées dans le domaine du prieuré de Chamonix, pour le prix de 100 sols genevois et d'un setier d'orge, p. 36.

3 Mai 1283.
Enquêtes sur les dégâts et les crimes commis à main armée au préjudice des hommes de Richard de Villette, prieur de Chamonix, par Péronet, fils de Vuilleline Métral de Passy et ses associés,
et de ceux commis par les hommes dudit prieur au préjudice dudit Péronet Métral, de Jordan de Châteauvieux, Mermod de Chede et autres, faites par les arbitres qu'ils avaient choisis pour terminer
leurs querelles, p. 38.

29 Janvier 1284.
Reconnaissance passée par Pierre, fils de feu Rodolphe Métral-de-Marlio, de devoir, en conformité des dispositions testamentaires de son père, à l'église et au prieuré de Chamonix, à l'acceptation de
Richard de Villette, prieur du lieu, en premier lieu, six aycanes de vin données en aumône par son ayeul et dix-huit autres aycanes, léguées par son père, à percevoir, chaque année, au temps des
vendanges, sur la vigne du Noir, située dans le clos Pecol, p. 43.

19 Avril 1285.     VALLORCINE
Richard de Villette, prieur de Chamonix, concède à Pierre, un des Teutonici à qui il avait cédé la moitié du territoire de Vallorsine, la faculté d'y établir des moulins et des battoirs autant qu'il en voudra, sous le servis annuel de huit deniers ; le prieur se réserve pour lui et ses successeurs d'y établir une scierie et d'autres artifices, excepté des moulins et des battoirs, p. 45.

23 Juin 1285.
Rétrocession passée par Paviot, frère de Girod-Plat, de Chamonix, en faveur de Richard de Villette, prieur du lieu, pour le prix de 14 livres et 10 sols genevois, de la montagne de l'Alparsaz et du plan
de la Tueille, sur la montagne du Brévent, p, 47.

2 Mars 1285.
Défense faite par Richard de Villette, prieur de Chamonix, à Amédée Métral, de Passy, et à Pierre de Marlio, cousin de ce dernier, tous deux ses feudataires et vassaux, de le troubler dans l'exercice de sa juridiction sur les hommes de Vaudagne et du Lac, sous peine de la privation de leur fief sur lesdits hommes, p. 49.

7 Mars 1285.
Déclaration faite par Léonarde, veuve de Jacques Bothelyer, de Servoz, autrefois de la paroisse du Lac, comme tutrice des enfants mâles de son mari, et par ses filles Jordanne, Béatrix, Marguerite
et Lorette, d'avoir vendu pour le prix de 55 sols genevois, à Richard, prieur de Chamonix, les frères Jean, Aymon et Melioret, fils de Vuillelme Bezer, de la paroisse de Chamonix, ainsi que leurs descendants, p. 51.

28 Mars 1287.
Albergement passé par Richard de Villette, prieur de Chamonix, à Orytin de Costa et aux soeurs Marie et Durence des Plands, d'un pré en la montagne de l'Alparsaz, sous le servis annuel de deux deniers, monnaie de Genève, dus dans les cas prévus au contrat, p. 52.

2 Août 1286.
Différend entre Richard de Villette, prieur de Chamonix, et Nicolet fils de Martin, de Genève, sur la possession contestée par ce dernier, d'une famille nommée Tissot dit du Rosey, appartenant audit prieur et à son prieuré, ensuite d'une donation qui avait été faite à révérend Humbert de Beaufort, son prédécesseur, en l'année 1251 environ, par les frères Jacques et Vuillelme Martin, de Sallanches.
— Nomination d'arbitres pour juger le différend.
— Fixation au vendredi après la fête de l'Assomption, à Sallanches, pour l'enquête à future mémoire demandée par le prieur, avec assignation audit Nieolet d'y comparaître pour voir jurer et déposer des témoins sur les cinq faits soutenus.
— Audition des témoins par-devant Hébert de Bardonenche, châtelain de Sallanches, qui ratifie et
confirme l'enquête et lui donne l'autorité judiciaire, p. 54.

22 Octobre 1287.
Vente et cession par Nicholet dit de Genève, fils de feu Martin, de Genève, à Richard de Villette, prieur de Chamonix, d'un muid d'orge qu'il avait à percevoir annuellement sur le prieuré de Chamonix, et de deux hommes, l'un appelé Sadu et l'autre Anserme, fils de feu Anserme Tissot du Rosey, pour le prix de 40 livres genevoises,
p. 60.

2 Avril 1288.
Ordre donné par Béatrix de Savoie, dame de Faucigny, à son châtelain de Montjoie, de faire délivrer chaque année, à l'église de Chamonix, le muid et demi de froment à elle donné par Aymon, sire de
Faucigny, sur les revenus du village de Servoz, p. 62.

Beatrice de Faucigny

19 Mai 1288.
Commandement fait par Béatrix de Savoie, dame de Faucigny, à Vouteret, de Mont-Vautier, son homme lige et taillable, de remettre un de ses fils au prieur de Chamonix, pour le ténement qu'il possède, du chef de Giraude sa femme, relevant dudit prieur, p. 63.

8 Juin 1288.
Déclaration faite par Richard de Villette, prieur de Chamonix, du consentement des moines et du curé du lieu, d'avoir, pour le plus grand avantage des habitants de Vallorsine, fait reconstruire à neuf
leur église, sous le vocable de Notre-Dame. Il se réserve, pour lui et ses successeurs, l'institution des curés, et divers droits ecclésiastiques, p. 64.

19, 21 Mai et 4 Juin 1289.
Invitation faite par les hommes de la terre de Chamonix, d'abord révoltés contre le prieur du lieu, ensuite amnistiés, à leurs compatriotes, au nombre de huit, qui s'étaient retirés, contre la défense dudit prieur, et faisaient leur résidence au château de Charrosse, à rentrer dans les bonnes grâces de leur seigneur et à ne faire aucun pacte avec Amédée, comte de Genève, p. 68.

21 Octobre 1289.
Compromis entre Béatrix de Savoie, dame de Faucigny, et Richard de Villette, prieur de Chamonix, d'une part, et Amédée II, comte de Genève, d'autre part. — Nomination d'arbitres pour terminer leurs différends à l'occasion de la protection que ledit comte avait accordée aux sujets révoltés dudit prieur. — Et suspension de poursuites contre ces derniers, p. 72.

21 Octobre 1289.
Cession passée par Amédée II, comte de Genève, à illustre dame Béatrix de Savoie, dame de Faucigny et à Richard, prieur de Chamonix, de tous les traités que les hommes dudit prieur avaient faits avec lui, voulant que ces traités soient non avenus et n'entendant point préjudicier aux droits qu'il avait sur la terre de Chamonix avant lesdits traités, p. 74.

26 Octobre 1289.
Traité passé entre Béatrix de Savoie, dame de Faucigny, et Richard de Villette, prieur de Chamonix, par lequel ladite dame de Faucigny reconnaît que toute la vallée de Chamonix, avec toutes ses appartenances et dépendances, est lige dudit prieur et que ce dernier a, sur les hommes qui y demeurent, toute juridiction, mère et mixte empire, qu'elle a reçu en fief dudit prieur un mollard où il existe des maisons, avec obligation de garder sous sa protection le prieuré et ses hommes, lui donnant quittance du denier d'or de redevance annuelle qui lui était due, pour droit de garde et de protection. Elle promet de n'aider en aucune manière les sujets révoltés dudit prieur, et en cas qu'elle vienne à manquer à ses engagements, elle se met sous la juridiction de l'évêque de Genève pour la contraindre à les tenir. Elle mande à tous les châtelains du Faucigny de les faire exécuter et notamment au châtelain à qui la garde dudit mollard sera confiée. Il est convenu que dans le cas où ladite dame ne voudrait plus garder ledit mollard, et qu'elle en ferait retour audit prieur, elle conserverait néanmoins la garde et protection de ladite vallée, moyennant le denier d'or annuel, enfin ladite dame de Faucigny promet de faire ratifier le présent traité par le dauphin de Viennois son gendre et par sa fille épouse de celui-ci, p. 75.

26 Mars 1290.
Littera concordie inter illustrem Dominam B. Dalphinam ab una parte. Et venerabilem virum Dominum Reymondum, divina miseratione, abbatem sancti Michaelis de Clusa, nec non et religiosi viri Domini Riehardi, prions prîoratus de Campomunito, gebennensis diocesis, p. 81.
Une lettre d'entente entre l'illustre Mme B. Dolphin d'une part. Et le vénérable homme Lord Raymond, par la divine miséricorde, abbé de Saint-Michel de Clusa, et aussi que Richard, prieur du prieuré de Chamonix, dans le diocèse de Genève

12 Janvier 1290.
Déclaration de Richard de Villette, prieur de Chamonix, à Béatrix de Savoie, que son prieuré est sous la garde et protection du seigneur de Faucigny depuis environ 55 ans, priant ladite de vouloir la lui conserver; ce qui lui est accordé, p. 82.

17 Mars 1290.
Reconnaissance passée par les frères Girod et Pierre Thorenc et par les frères Pierre et Vuillelme fils de Marie, du lieu du Lac, paroisse de ce nom, à la requête de Richard de Villette, prieur de Chamonix, de tenir du prieuré de ce nom la dîme des blés à percevoir sur le territoire du Lac, sous le servis soit fermage annuel de trois muids de blé bon et recevable, savoir : un muid d'orge, un demi-muid de froment et un muid et demi d'avoine, p. 84.

4 Septembre 1290.
Déclaration de l'existence d'un compromis et de la nomination d'arbitres pour examiner les différends survenus entre Béatrix de Savoie, dame de Faucigny, et Amédée, comte de Genève. Assignation aux parties de produire au terme fixé leurs titres et raisons, et suspension de toutes hostilités de la part du comte de Genève envers le prieur de Chamonix et ses sujets, p. 86.

7 Février 1291.
Traité conclu entre dame Béatrix de Savoie, dame de Faucigny et Amédée comte de Genève, par l'entremise de leurs arbitres, relativement à l'avoyrie et mixte empire sur les vallées de Chamonix et
de Vallorsine que chacune des parties voulait s'attribuer, portant désistement de la part du comte de Genève en faveur de ladite dame de Faucigny, moyennant cinq cents livres viennoises, de tous droits
de suzeraineté sur lesdites vallées, p. 88.

2 Avril 1291.
Ratification par le prince Humbert I", dauphin de Viennois, comte d'Albon et seigneur de la Tour,
et par son épouse Anne, fille de Guigue VII et de dame Béatrix de Savoie, du traité que celle-ci avait
fait avec le prieur de Chamonix (celui du 7 des kalendes de novembre 1289), avec promesse de l'observer et de le faire exécuter à l'avenir comme précédemment, p. 92.

26 Avril 1291.
Cession par Béatrix de Savoie, dame de Faucigny, à Richard de Villette, prieur de Chamonix, de tous les droits que, pour un bien de paix, par amitié et au nom du prieuré de Chamonix, elle avait acquis d'Amédée, comte de Genève, quoiqu'elle ne crût pas que ce dernier eût aucun droit, et c'est pour le prix de 500 livres viennoises dont ledit prieur reçut quittance. Ladite princesse se réserve sur ledit prieuré la garde et protection qui avait été concédée à Vuillelme de Faucigny et l'exécution des conventions du 1 des kalendes de novembre 1289. Humbert Ier, Dauphin de Viennois et Anne sa femme confirment cette nouvelle cession, p. 93.

24 Juin 1291.
Déclaration d'Amédée, comte de Genève, d'avoir reçu de dame Béatrix de Savoie, dame de Faucigny, sa tante, la somme de 500 livres viennoises, prix de la cession qu'il lui avait faite de ses droits sur
les vallées de Chamonix et de Vallorsine, p. 96.

25 Juin 1294.
Déclaration de Béatrix de Savoie, dame de Faucigny, d'avoir reçu de Richard de Villette. prieur de Chamonix, la somme de 700 livres viennoises, pour prix de la rétrocession qu'elle lui a faite, des droits qu'elle avait acquis de son neveu Amédée, comte de Genève, sur la terre de Chamonix, p. 97.

20 Septembre 1291.
Déclaration faite à requête de Richard de Villette, prieur de Chamonix, par Amédée, comte de Genève, que les vallées de Chamonix et de Vallorsine sont liges dudit prieur qui y possède toute juridiction, avec promesse qu'il fera tous ses efforts pour empêcher qu'il soit fait par qui que ce soit des torts audit prieur et aux biens de ses sujets, pour les défendre de tout son pouvoir et de ne retirer ni fournir aide et protection à ses dits sujets que du consentement dudit prieur, p. 99.

26 Juillet 1292
Premières franchises écrites de Chamonix, résultant d'une sentence arbitrale rendue sur seize points controversés entre le prieur Richard et les habitants de la vallée, p. 102.
Approbation par la communauté de Chamonix, du même jour 26 juillet
1292, p. 112.

19 Mai 1293.
Reconnaissance passée en faveur de Richard de Villette, prieur de Chamonix, par les frères nobles Rodolphe, Philippe et Richard fils de noble Pierre Martin, de Sallanches, tant en leur nom qu'en celui
de leurs frères Aimon et Jacquemet Martin, que les hommes et les terres qu'ils possèdent dans le territoire et dans la paroisse du Lac, sont liges du prieuré de Chamonix.
Vente par les mêmes audit prieur de divers hommes et de leurs tènements, pour le prix de 14 livres genevoises.
Confirmation de ces reconnaissance et vente par les frères Aymon et Jacquemet Martin, p. 114.

26 Juin 1293.
Déclaration faite par N. Pierre de Marlio, damoiseau, de Passy, fils de Rodolphe Métral de Marlio, à la réquisition de Richard de Villette, prieur de Chamonix, qu'il n'a aucun droit à exercer sur la personne et les biens de Pierre Guizel, fils de feu Belonne, de Vaudagne, et que ce dernier est lige dudit prieur, p. 118.

27 Décembre 1293.
Reconnaissance passée en faveur de Richard de Villette, prieur de Chamonix, par noble Pierre de Marlio, damoiseau, tant de son chef qu'au nom d'Amédée Métral de Marlio, son parent, que les terres, fiefs et hommes qu'ils possèdent dans le territoire du Lac et de Vaudagne (commune des Houches et paroisse de Servoz), sont liges du prieuré de Chamonix, p. 120.

8 Janvier 1294.
Rente foncière de huit deniers annuels, constituée en la présence et de l'autorité de Richard de Villette, prieur de Chamonix, par les frères Jean l'aîné, Jean le jeune et Girod, fils de Michel dit Mossat de la Mola, en faveur d'Henry de la Mola, au capital de XL sols genevois, prix de la vente que ce dernier leur avait faite d'une pièce de terre, p. 122.

24 Février 1294.
Déclaration faite en faveur de Richard de Villette, prieur de Chamonix, par N.-Pierre de Marlio, damoiseau, fils de Rodolphe de Marlio dit Métral, de Passy, d'avoir engagé audit prieur, pour le prix de 40 livres genevoises, toutes les terres et les hommes qu'il possédait aux territoires du Lac et de Vaudagne.
— Comparution desdits hommes qui déclarent que, pendant la durée de l'Antichrèse (Contrat par lequel un débiteur transfère à son créancier la possession de son immeuble, pour en percevoir fruits (produits) et revenus jusqu'au remboursement de sa dette), ils se considéreront comme les hommes taillables dudit prieur et de ses successeurs, en payant entre les mains de ceux-ci les servis annuels qu'ils étaient en usage de payer entre les mains dudit N.-Pierre de Marlio, p. 123.

22 Avril 1296. - Richard devient abbé de St Michel de la Cluse
Défense faite, sous peine de punition corporelle et de la privation de ses biens, par N.-Aymon de Bellegarde, lieutenant de Richard de Villette, prieur de Chamonix (pendant que ce dernier assistait au
chapitre général du monastère de la Clusa, près Saint-Ambroise en Piémont, assemblé pour l'élection d'un abbé dans lequel il fut promu à cette dignité) à Jacques, fils de Vuillelme Bonarent (en patois: bon à rien), de  Vaudagne, de poursuivre les armes à la main Jacques Boteller, de Servoz, dans la terre de Chamonix et de faire du mal et de causer du préjudice soit aux hommes, soit aux biens, sur les terres du prieuré de Chamonix, p. 127.

13 Juillet 1296.
Reconnaissance passée par divers individus de Passy de tenir en fief de Richard de Villette, prieur, et du prieuré de Chamonix, toute la montagne d'Arlevé, située dans le territoire dudit prieuré, sous le servis annuel de 12 deniers genevois, p. 128.

24 Février 1296.
Extrait in parte quâ de la vente d'une partie de la montagne d'Arlevé, actuellement sur le territoire de Chamonix, par Girod d'Épagny et par Antoine Gaucius dudit lieu, paroisse de Passy, à ' Vuillelme,
métrai de Chamonix. Melioret Mabilat, du Pont, et Pierre Quiblier, de Mont-Cuart, pour le prix de 46 sols 6 deniers, p. 132.

31 Juillet 1297. - Début Guillaume deVillette
Inféodation passée par Guillaume de Villette, prieur de Chamonix, du consentement de Richard de Villette, abbé de la Clusa, son supérieur immédiat, en faveur des mariés Falconet Darbelet et Belone
Bezer, des biens que Pierre Bezer, frère de celle-ci, avait donnés au prieuré de Chamonix. Prix d'introge : 6 livres genevoises,.p. 134.

-----------------------------------------------
suite Vallorcine avec Guillaume de Villette

18 Juillet 1307.     VALLORCINE
Délimitation de leurs territoires et juridictions respectifs entre Jacques, abbé de Saint-Maurice d'Agaune, et Vuillelme, prieur de Chamonix, soit entre la paroisse de Vallorcine dépendante du prieuré de Chamonix et celles de Servans et de Fin-Haut, dépendantes du monastère de Saint-Maurice; le tout en la présence des communiers des dites paroisses qui ont adhéré à la plantation des limites, p. 169.

17 Janvier 1312.     VALLORCINE
Promesse faite par Rolier de Barberine à Guillaume de Villette, prieur de Chamonix, de l'aider de sa troupe et par tous les moyens en son pouvoir, contre l'évêque de Sion et ses sujets Valaisans, sous
peine de traîtrise , p. 173.


23 Août 1364.        VALLORCINE
Reconnaissance passée par Pierre de Thuet, curé de Vallorsine, en faveur de Jean Boehard, prieur de Chamonix, du personnat de son église et des servis annuels auxquels il est tenu envers ce dernier,
en sa qualité, p. 218.

4 Octobre 1399.    VALLORCINE ET SON CURÉ
Sentence d'absolution rendue par respectable Jacques Sostion, juge de la terre et jurisdiction de Chamonix, en faveur de Richard Bonjour inculpé à tort par Jean du Lormey, d'avoir volé l'or et l'argent du curé de Vallorsine ; le dénonciateur est condamné aux frais de
justice, p. 313.


ANNEXE 3 :

Extrait des commentaires de J-P Gougler :

Histoire de la colonisation de Vallorcine -  confrontation de toutes les théories sur la colonisation.

On peut se poser laquestion : la vallée de Chamonix était-elle déjà peuplée à l’époque de la donation ?

L’acte de donation de 1091 ne fait état que de terres, forêts, alpages et chasses. Comme il n’est pas fait mention des hommes, on en déduit en général que cette vallée n’était pas peuplée et n’était exploitée que temporairement pour la pâture et la chasse. S’il en est ainsi, il doit en être de même, à plus forte raison, de Vallorcine, enneigée à l’époque plus de la moitié de l’année.

Ce qu’on sait avec certitude, toutefois, c’est que toute la vallée, de Vernayaz au col des Montets, a été une voie de liaison entre la vallée du Rhône et la vallée de l’Arve depuis la plus haute antiquité.

Les gravures rupestres, les pierres à cupules, les haches de pierre et de bronze et autres traces de l’activité humaine en témoignent. Les métallurgistes de la civilisation rhodanienne du bronze l’ont probablement utilisée, eux aussi, lors de leurs recherches de nouveaux gisements cuprifères vers le sud. La découverte de monnaies romaines dans la région du Châtelard, enfin, accrédite l’existence d’une voie romaine reliant les provinces des Alpes Pennines et des Alpes Grées (thèse de l’abbé DUCIS). Mais rien ne nous permet, pour le moment, de donner une date à l’installation des premiers habitants de Vallorcine.

En réalité, Vallorcine n’entre dans l’histoire qu’en 1264, lorsque Richard, prieur de Chamonix cède à des « Theutonici » la moitié de la vallée en albergement. Il a donc fallu plus de cent soixante-dix ans pour que les prieurs s’intéressent à la vallée des ours. Ont-ils sollicité l’arrivée de ces colons pour défricher la vallée, ou ont-ils pris acte de leur présence en leur albergeant le territoire sur lequel ils étaient déjà installés ? Les deux thèses ont leurs partisans.

  • Pour Maurice GROSS, l’acte de 1264 marque l’arrivée des Theutonici à Vallorcine ; ils ont été « appelés » et il est probable que les Bénédictins de Chamonix se sont adressés pour cela à une maison-sœur d’Alémanie : Engelberg, Einsiedeln, Saint-Gall ou Disentis. On se souvient, en effet, des liens qu’entretenaient les Vallorcins avec l’abbaye d’Einsiedeln où ils allaient encore en pèlerinage au XVIIIème siècle.
  • Pour André PERRIN en revanche, les colons germaniques se sont installés dans la vallée avant 1264 ; le prieur n’a fait que reconnaître les faits et garantir leur liberté et leur indépendance. La charte de 1264 est « le point de départ de la domination des prieurs sur les allemands de Vallorcine sous l’apparence d’une concession ».
  • Pour Roger COUVERT Du CREST, les prieurs, lorsqu’ils viennent à Vallorcine, se trouvent en présence de gens de langue allemande qui ont déjà défriché le versant du soleil de la vallée ; forts de leurs droits, ils consentent une concession d’albergement du versant déjà occupé par les allemands
  • Pour Paul PAYOT, le prieuré de Chamonix, près de deux siècles après son établissement, « commença à s’intéresser à cette vallée indépendante et, sous prétexte de conversion, étendit peu à peu son entreprise. Richard, prieur de Chamonix, régularisa la situation, bien qu’en fait il n’eut aucun droit sur elle » en albergeant aux Allemands la moitié de la vallée qu’ils occupaient
  • Pour Paul GUICHONNET, les habitants sont reconnus propriétaires des terres qu’ils occupent et qu’ils ont défrichées ; sous l’apparence d’une concession, c’est le début de la mainmise du prieuré sur les « Theutonici » ; le but est à la fois l’évangélisation et le contrôle du passage menant au Valais
 
ANNEXE 4 :

Populations Germaniques en Haute Savoie selon Maurice Gross

« Il y a une charte que l'auteur (Rannaud) ne cite pas et où l'Abbaye de Sixt, craignant que les barons de Faucigny ne s'attribuassent des droits trop exorbitants sur les colons albergataires, obtint de ces princes une déclaration portant que ces hommes demeureraient libres et ne seraient soumis à aucune taille ou exaction ; seulement ils devaient accompagner les barons de Faucigny dans les épaisses forêts quand il leur plairait d'y poursuivre les bêtes fauves. L'acte de cette déclaration entre Wilhelm, fils d'Henri, et l'Abbaye de Sixt, est de 1200 et fut passé au château de Châtillon en Faucigny.

C'est donc bien au XIIe siècle qu'il faut noter cette arrivée des colons germaniques venus pour défricher la région de Sixt. Faut-il croire que d'autres colons seraient venus pour défricher les régions boisées de Samoëns et mettre en état les immenses pâturages de cette commune ?

En tout cas, il y a deux villages : Les Alamands, sur la route du Valais : l'un à Morzine, sur le chemin qui mène au col de Coux ; l'autre à Samoëns, à deux heures du même col. Les sires de Faucigny, en des albergements du XIIe et du XIIIe siècle, leur confient l'exploitation des montagnes les plus escarpées (Oddaz) ou les plus éloignées de Samoëns (Fréterolles, près de Coux).
Un village existait plus haut, d'après les confins, au-dessus des Alamands :
Hans. Il est aujourd'hui disparu, mais un acte du 4 novembre 1435 en fait encore mention :  l'Abbaye d'Aulps confirme aux hommes de Hans le contrat de 1233 pour l'alpage d'Oddaz et les maintient en possession, tant qu'ils sont ou seront à l'avenir, des localités de Hans, de la Rosière et des Alamands. A partir de 1435, les noms patronymiques des ménages de Hans sont absents, pour la plupart, des chartes et reconnaissances concernant les alpages. En 1206,
1250, il est aussi question des communiers de Hans, dans les donations des sires de Faucigny. Le 4 novembre 1284, Béatrix, dame de Faucigny, alberge à perpétuité aux hommes de Hans, ses taillables, et à leurs héritiers, l'alpe de Cuidex, pour dix livres d'introge et sous la taille à miséricorde. Fait à Mélan."

Sion, octobre 1950.
Maurice GROSS

#Vallorcine #Barberine #Maison de Barberine #Prieuré de Chamonix #Ricjard de Vilette #Teutonici #Walser

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article